Etre critiqué par son supérieur au point de douter de soi

Mikael intègre une équipe web chez un organisateur d'événements en 2004. C'est son premier poste où il restera quatre ans, constamment critiqué par sa chef sur la qualité de son travail et son "comportement".



Sa chef semble être déçue à tous points de vue, et pourtant, elle ne le licencie pas. A croire que c'est un plaisir de l'avoir à ses côtés pour mieux le critiquer : "elle répétait souvent au reste de l'équipe que j'avais une rigueur proche de zéro, à n'importe quel sujet, et sous n'importe quel prétexte."

Au bout de deux ans, les bureaux de l'entreprise déménagent pour passer d'espaces compartimentés à un open space. Très vite, les critiques quotidiennes se transforment en humiliations publiques : peu de temps après l'installation dans les nouveaux locaux, Mikael se fait hurler dessus par sa chef. Toute l'équipe est témoin. Il sollicite alors un rendez-vous en privé pour aborder ce sujet dès le lendemain, en expliquant qu'il comprend que l'open space n'est pas forcément facile à supporter, mais qu'en cas de besoin, il préfèrerait que les discussions houleuses et les éventuelles réprimandes se fassent dans une plus grande confidentialité. Sa chef lui répond alors que c'est elle la chef, que c'est à Mikael de s'adapter et non l'inverse. Une fin de non-recevoir parmi d'autres.

"Je ne compte pas les anecdotes et les conversations délirantes, j'ai essayé de les évacuer autant que possible de mon esprit", confie Mikael. "Par exemple, j'étais en cours de finalisation d'un cahier des charges pour un site web. Il ne me manquait plus que la validation de ma chef sur un point qui m'empêchait d'avancer, et que je n'arrivais pas à obtenir malgré mes relances. Je suis donc allé la voir à son bureau pour lui demander si elle était d'accord avec ce que je proposais, et elle m'a reçu en me disant que je 'n'y comprenais rien'. Je lui ai demandé des explications sur ce que je ne comprenais pas, et n'ayant aucune réponse constructive, j'ai fini par lui demander si elle voulait ou non valider mon travail, mais que si elle ne le validait pas ce soir, nous ne pourrions pas respecter le planning fixé. Elle a quitté son bureau furieuse, en me rappelant ensuite par téléphone pour me dire que j'avais '12 ans d'âge mental'".

Quatre années peuvent sembler très longues pour réussir à quitter un travail. Mais il aura fallu du temps à Mikael pour comprendre que les torts n'étaient pas que de son côté. "J'avais complètement perdu confiance en moi. J'étais dans un état d'esprit qui ne me permettait pas de chercher du travail puisque j'en étais venu à croire que si ma chef n'y mettait pas les formes, elle avait peut-être raison sur le fond quand elle disait que j'étais mauvais, que je ne valais rien."

Mikael finit par manifester son souhait de mettre fin à son contrat à sa chef. " Je n'ai été soutenu par personne, ma ‘N+2’ , qui couvrait ma chef, faisait comme si de rien n'était. Je crois d'ailleurs que nous ne nous sommes plus adressé la parole du moment où j'ai entamé ma procédure de licenciement. Mais je ne voulais pas entrer en guerre contre ma hiérarchie. Je voulais partir en bons termes pour ne pas être embêté pour mes prochains emplois. Je n'ai pas fait appel à un délégué syndical parce que je craignais que ma chef le prenne comme une déclaration d'hostilités. J'ai essentiellement cherché des informations sur internet et j'ai contacté le service RH sur les conseils de ma chef qui a évidemment tout fait pour laisser trainer la procédure. J'ai profité du fait qu'une nouvelle recrue intégrait l'équipe pour indiquer que mon profil n'était plus indispensable, et que nous serions tous gagnants si nous options pour une rupture de contrat conventionnelle. Je n'ai pas essayé de négocier quoique ce soit, je voulais juste partir.".

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