« C’est du Zola ! » s’était exclamé Eric Woerth en décembre dernier lorsqu’un sénateur lui expliquait que « les salariés qui exercent les métiers du bâtiment par exemple sont souvent usés avant l’âge et travaillent dans des conditions déplorables ».
Pour le moment encore un peu en retrait, le débat sur la prise en compte de la pénibilité au travail ne va pas tarder à devenir un des enjeux majeurs de la réforme des retraites. Il est en effet urgent d’apporter une réponse immédiate et pérenne aux salariés aujourd’hui usés, qui sont dans une situation d’extrême urgence : espérance de vie réduite, fermeture des dispositifs de cessation anticipée, chasse aux arrêts de travail, déport vers l’invalidité.
Réforme
Nul doute que l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisations doivent tenir compte de la pénibilité des activités exercées en refusant l’ uniformalisme pour toutes les catégories socio-professionnelles. Une des principales inégalités est liée à l’espérance de vie.
Si la définition des critères d’accès à une retraite anticipée doit être générale, un dispositif d’accès complémentaire doit reposer sur une approche individualisée mais non médicalisée, dans la mesure où, par nature, les critères généraux, qui devront être régulièrement révisés, laisseront sur le côté des personnes pourtant soumises à des contraintes et à des travaux pénibles.
Les deux décrets suivants fixés par le gouvernement en automne 2010 sont jugés insuffisants :
- Les assurés pouvant justifier d’une carrière « pénible » pourront ainsi partir à la retraite à 60 ans. Ce départ anticipé sera automatiquement accordé à condition que le salarié souffre d’une incapacité d’au moins 20 % mais il dépendra de la décision d’une commission pluridisciplinaire si l’incapacité se situe entre 10 et 20 % (alors que l’âge légal sera progressivement porté à 62 ans d’ici 2018);
- L’assuré devra prouver que son incapacité a été causée par son travail, qu’il s’agisse de la nature de celui-ci ou de ses conditions d’activité, comme le travail de nuit, la manipulation répétée de lourdes charges ou l’exposition à des substances dangereuses.
Solidarité et équité
La pénibilité étant reconnue, les travailleurs exposés doivent pouvoir bénéficier d’une retraite anticipée. Question financement, la pénibilité au travail, causée par de mauvaises conditions de travail, est la réponse à un risque professionnel spécifique. La pénibilité doit reposer majoritairement à la charge des employeurs. En déporter le financement vers l’assurance maladie n’aura par ailleurs aucune incidence en termes de prévention et d’amélioration des conditions de travail.
La pénibilité par le biais d’une retraite anticipée ne couvre pas la totalité de l’indemnisation des victimes du travail.
Exercez-vous un métier pénible ? Que pensez-vous des décrets proposés par le gouvernement ? Quelle solution doit-on envisager afin de répondre aux cas par cas pour les salariés ? Qu’en pensez-vous ?